L'argumentation philosophique est magnifique ici. Je regardais hier soir un film américain, Liaison fatale, où la quête du bonheur amoureux se transforme pour le personnage féminin central en une sorte d'attraction vers le malheur, celui de l'objet désiré et de l'objet désirant. Cela semble bien illustrer l'égoïsme et l'inquiétude fondamentaux de ce mouvement devenant obsessionnel vers une image du bonheur (dans le film, le bonheur ou la promesse du foyer familial). Mais la quête d'absolu et d'immortalité (de l'âme ?) trouve là une issue fatale. Comme si, dans cette passion humaine, nous pouvions aisément faire fausse route, aller vers le malheur plutôt que vers le bonheur ?
Merci pour ce beau commentaire. "Liaison fatale" illustre une thèse très sartrienne : l'amant veut que l'aimé soit à la fois passionné et libre. En effet, la liberté sans la passion n'est pas l'amour. Et la passion sans la liberté est, comme dans le film, terrifiante...
Si besoin voici une présentation dudit mythe d'Aristophane ruclips.net/video/fmDpwXCyFOI/видео.html Texte : PLATON, Le Banquet (extrait). « Jadis notre nature n’était pas ce qu’elle est actuellement. D’abord il y avait trois espèces d’hommes, et non deux comme aujourd’hui : le mâle, la femelle, et en plus de ces deux-là, une troisième composée des deux autres ; le nom seul en reste aujourd’hui, l’espèce a disparu. c’était l’espèce androgyne qui avait la forme et le nom des deux autres, dont elle était formée. De plus chaque homme était de forme ronde sur une seule tête, quatre oreilles, deux organes de la génération, et tout le reste à l’avenant. […] Ils étaient aussi d’une force et d’une vigueur extraordinaire, et comme ils étaient d’un grand courage, ils attaquèrent les dieux et […] tentèrent d’escalader le ciel […] Alors Zeus délibéra avec les autres dieux sur le parti à prendre. Le cas était embarrassant ; ils ne pouvaient se décider à tuer les hommes et à détruire la race humaine à coups de tonnerre, comme ils avaient tué les géants ; car c’était mettre fin aux hommages et au culte que les hommes leur rendaient ; d’un autre côté, ils ne pouvaient plus tolérer leur impudence. Enfin, Zeus ayant trouvé, non sans difficulté, une solution, […] il coupa les hommes en deux. Or, quand le corps eut été ainsi divisé, chacun, regrettant sa moitié, allait à elle ; et s’embrassant et s’enlaçant les uns les autres avec le désir de se fondre ensemble […] C’est de ce moment que date l’amour inné des êtres humains les uns pour les autres : l’amour recompose l’ancienne nature, s’efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine. […] Notre espèce ne saurait être heureuse qu’à une condition, c’est de réaliser son désir amoureux, de rencontrer chacun l’être qui est notre moitié, et de revenir ainsi à notre nature première. »
Vaut mieux être un peu inquiet en amour que orgueilleusement compassionnelle. Être heureux n'est qu'une illusion qui fini par nous être désagréable.
L'argumentation philosophique est magnifique ici. Je regardais hier soir un film américain, Liaison fatale, où la quête du bonheur amoureux se transforme pour le personnage féminin central en une sorte d'attraction vers le malheur, celui de l'objet désiré et de l'objet désirant. Cela semble bien illustrer l'égoïsme et l'inquiétude fondamentaux de ce mouvement devenant obsessionnel vers une image du bonheur (dans le film, le bonheur ou la promesse du foyer familial). Mais la quête d'absolu et d'immortalité (de l'âme ?) trouve là une issue fatale. Comme si, dans cette passion humaine, nous pouvions aisément faire fausse route, aller vers le malheur plutôt que vers le bonheur ?
Merci pour ce beau commentaire. "Liaison fatale" illustre une thèse très sartrienne : l'amant veut que l'aimé soit à la fois passionné et libre. En effet, la liberté sans la passion n'est pas l'amour. Et la passion sans la liberté est, comme dans le film, terrifiante...
Si besoin voici une présentation dudit mythe d'Aristophane ruclips.net/video/fmDpwXCyFOI/видео.html
Texte : PLATON, Le Banquet (extrait).
« Jadis notre nature n’était pas ce qu’elle est actuellement. D’abord il y avait trois espèces d’hommes, et non deux comme aujourd’hui : le mâle, la femelle, et en plus de ces deux-là, une troisième composée des deux autres ; le nom seul en reste aujourd’hui, l’espèce a disparu. c’était l’espèce androgyne qui avait la forme et le nom des deux autres, dont elle était formée. De plus chaque homme était de forme ronde sur une seule tête, quatre oreilles, deux organes de la génération, et tout le reste à l’avenant. […]
Ils étaient aussi d’une force et d’une vigueur extraordinaire, et comme ils étaient d’un grand courage, ils attaquèrent les dieux et […] tentèrent d’escalader le ciel […] Alors Zeus délibéra avec les autres dieux sur le parti à prendre. Le cas était embarrassant ; ils ne pouvaient se décider à tuer les hommes et à détruire la race humaine à coups de tonnerre, comme ils avaient tué les géants ; car c’était mettre fin aux hommages et au culte que les hommes leur rendaient ; d’un autre côté, ils ne pouvaient plus tolérer leur impudence.
Enfin, Zeus ayant trouvé, non sans difficulté, une solution, […] il coupa les hommes en deux. Or, quand le corps eut été ainsi divisé, chacun, regrettant sa moitié, allait à elle ; et s’embrassant et s’enlaçant les uns les autres avec le désir de se fondre ensemble […]
C’est de ce moment que date l’amour inné des êtres humains les uns pour les autres : l’amour recompose l’ancienne nature, s’efforce de fondre deux êtres en un seul, et de guérir la nature humaine. […] Notre espèce ne saurait être heureuse qu’à une condition, c’est de réaliser son désir amoureux, de rencontrer chacun l’être qui est notre moitié, et de revenir ainsi à notre nature première. »